Histoire Mécayar

On dit que les liens qui emprisonnent nos actes jusqu’à nous pousser vers la folie forgent les héros de notre ère. Je ne suis pas un héro. A vrai dire, je n’ai jamais pu y prétendre et n’y prétendrai jamais. Le héro, selon l’adage, défend les faibles, les opprimés, et agit par amour de ses proches. Pour ma part, je ne les ai jamais connus. Orphelin, j’arrivais à Forgefer en vaincu, jeune, désorienté, sans attache, sans famille, sans courage. Je découvrais les dures lois de l’argent, celui-ci me faisant défaut. Il est difficile pour une personne sans vocation de se frayer un chemin dans les entrailles de l’existence, cependant, je tentais l’aventure, me découvrant des talents jusque la insoupçonnés.
J’occupais mon temps à de piètres métiers ; cireur de chaussure, apprenti forgeron, vendeur de poisson ; le labeur ne me faisait pas peur, mais j’aspirais cependant à de plus hauts faits.
Puis revint la guerre, si présente, si pesante, si inévitable. Notre bon roi Magni barbe de bronze convoqua tous les nains prêts à se battre pour défendre leur cité. N’étant pas doué pour la guerre, ne connaissant nullement la voix des armes, je souhaitais néanmoins défendre mon honneur. Nul désir de vengeance ne me poussait à affronter les affres de la guerre, mais j’entrepris cependant de m’y accoutumer. Je fus envoyé dans la vallée d’Alterac, afin de devenir écuyer pour les vassaux du général Vandar Foudrépique. Alors que la bataille faisait rage, nos assaillants nous poussèrent à nous réfugier dans le dernier bastion encore debout. Apeuré mais prêt à mourir pour défendre notre grand général, je me munis d’une hache, prêt à pourfendre le premier hérétique qui serait à ma portée. La horde envahit la salle, et je fus désarmé en quelques instants. Ne pouvant me défendre, la peur m’envahi et je restais figé sur place. Alors qu’un orc fondait sur moi, le Général Vandar vînt se positionner devant moi et lui trancha la tête d’une seule traite. On entendit au loin le cor de la horde gronder à travers les vallons des montagnes, sonnant la retraite des viles créatures qui avaient fait trembler notre courage. Le général me regarda avec pitié. Son regard méprisant avait eu l’effet d’une bombe et m’avait transpercé telle une lance.
« -Apprend à te battre et à ne pas trembler devant la mort. Quand tu sauras, revient prétendre à pouvoir défendre ton honneur. »
Quelques semaines plus tard, on me renvoya à Forgefer. Décidé, je me lançais dans la voix des armes, peu importe le temps qu’il faudrait, ma dette envers le Général sera un jour payée.
Des années plus tard, j’étais enfin prêt. Je ne ressentais aucune pitié, aucun remords. La haine guidait mes pas, ma lame guidait mes sens, et le sang abreuvait celle-ci dans une complainte macabre.